Les liens très forts qui relient le climat à la répartition des espèces ont permis le développement des modèles de niche écologique (ou d’enveloppe climatique). Ces modèles établissent des corrélations entre le climat présent et la répartition actuelle des espèces puis, en se basant sur les prévisions climatiques futures, projettent les répartitions futures des espèces. Les modèles d’enveloppe climatique sont un outil clé pour les scientifiques qui explorent les effets des changements climatiques sur les organismes vivants. Ces modèles ont été critiqués du fait qu’ils assument un équilibre entre la répartition des espèces et le climat actuel, qu’ils interprètent comme causales les relations climat-espèce, et qu’ils ignorent des paramètres comme la dispersion et les interactions écologiques. Cependant, les modèles d’enveloppe climatique doivent être vus comme de puissants outils exploratoires donnant une première estimation des impacts des changements climatiques sur la biodiversité. Ils doivent être utilisés de cette façon plutôt que comme fournissant des prédictions définitives. Des prévisions imparfaites valent beaucoup mieux qu’aucune prévision. Les physiciens évaluant les changements futurs du climat l’ont maintenant largement démontré.

Notre priorité est d’utiliser les données existantes à leur plein potentiel pour enrichir aussi vite que possible les stratégies d’adaptation qui sont nécessaires à nos partenaires. Une de nos limites, qui est partagée par tous les scientifiques du monde, est que les bonnes données sur la répartition géographique des espèces sont rares et souvent biaisées taxonomiquement. Le Québec ne fait pas exception et nous nous concentrerons donc sur les quatre groupes (arbres, autres plantes vasculaires, amphibiens et reptiles, oiseaux) pour lesquels des données d’excellente qualité existent. Bien que ces groupes ne représentent qu’une fraction de la biodiversité régionale (nous ne pouvons pas utiliser les arthropodes ou les champignons par manque d’information), leur distribution spatiale est représentative de celles des autres groupes, leur histoire naturelle est diversifiée, et ils concentrent la majeure partie des efforts de conservation. L’ampleur des changements de répartition prévus pour ces espèces nous informera grandement sur la réorganisation spatiale attendue pour la biodiversité en général.

Dernière mise à jour : 2015-01-19