Projet CC-Bio

Introduction

Le contexte du projet CC-Bio peut être décrit à deux échelles spatiales : l’échelle globale (planétaire) et l’échelle régionale.

L’échelle globale

Les espèces peuvent répondre aux changements climatiques de plusieurs façons. Elles peuvent migrer pour rester dans les zones climatiques qui leur sont les plus favorables, évoluer sur place, ou tout simplement disparaitre. Bien que l’évolution puisse se produire rapidement, les déplacements d’aires de répartition sont les réponses les plus courantes. Des synthèses récentes montrent que la phénologie et la répartition des plantes et des animaux ont changé dans les dernières 30-40 années dans le sens induit par le réchauffement du climat. Des méta-analyses montrent des avancées moyennes des dates printanières (comme la floraison ou la migration) de 2,3 jours/décennie et des avancées vers les pôles de 6,1 km/décennie (ou de 6 m en altitude dans les zones montagneuses). C’est ce qu’on appelle une « signature climatique globalement cohérente ».

Dominique Berteaux

Le climat va continuer de se réchauffer. Les reconstitutions historiques, les observations actuelles et nos connaissances des processus biologiques à l’œuvre nous permettent donc de prédire une importante réorganisation des patrons d’abondance et de répartition des espèces. Vu le rythme actuel de perte et de fragmentation des habitats et le potentiel de dispersion limité de beaucoup d’espèces, il y a lieu d’être très inquiet quant à notre capacité à sauvegarder la biodiversité dans ce contexte. Le changement climatique est clairement une nouvelle menace pour la biodiversité.

Sur toute la planète, la protection de la biodiversité dépend de deux approches complémentaires qui impliquent (1) l’identification puis la protection des espèces menacées et (2) la protection d’écosystèmes représentatifs de la diversité des milieux naturels. La mise en place de chacune de ces approches suppose que l’on connaisse la répartition et les patrons d’abondance des espèces, ainsi que la façon dont ils vont changer avec le temps. La projection dans le futur des changements de répartition et d’abondance est donc critique pour pouvoir explorer les effets des changements climatiques sur la biodiversité.

L’échelle régionale

La protection de la biodiversité respecte certains principes généraux mais est adaptée à chaque contexte local. La biodiversité canadienne est fortement structurée par d’importants gradients climatiques. Ainsi la répartition latitudinale des espèces a fortement changé en fonction du climat durant l’holocène. Au Canada, la vitesse et l’ampleur du réchauffement climatique pendant le 21ème siècle seront très significatives quand on les compare aux changements survenus durant l’holocène (37-48 % des aires protégées au Canada pourraient se retrouver dans un biome différent à la suite du doublement des concentrations de CO2 dans l’atmosphère). Dans le sud du Québec, les températures de surface moyennes ont augmenté de 1,25ºC au cours des 4 dernières décennies et les modèles climatiques prévoient une augmentation supplémentaire de 3-5ºC au cours de ce siècle. Dans le cadre du projet CC-Bio, le Québec est une étude de cas permettant d’explorer les effets des changements climatiques sur la biodiversité régionale. Nous mettons en place une approche scientifique qui va générer certaines des connaissances et certains des outils dont nous avons besoin pour développer des stratégies de protection de la biodiversité.

Dernière mise à jour : 2015-01-19